Elle

Et boom, quand le cœur fait boom !

7/2/20236 min read

Dimanche 2 juillet - 12h35

Que m’arrive t-il?
Le départ avait été prévu depuis plusieurs jours, plusieurs semaines déjà.
Je me retrouve comme un con, là, vide, assis à regarder le paysage.
Hébété.
Les bovins paissent au loin, le canidé de son regard docile et apaisant me fixe puis repart dans sa quête spéléologique de taupes bigleuses. Le chat vient poser sa tête contre ma cuisse. Je lui caresse doucement la colonne vertébrale dans un mouvement léger et mesuré.
Je repasse en boucle mes pensées, mon mortuaire construit mental.
22 jours à attendre avant qu'elle ne revienne sur le lieu.

Le rire ça a toujours été une porte de sortie pour moi. Toujours cette sortie circonstanciée qui me permets d’éviter le sérieux de la vérité d’être. Est-ce que j’ai peur du jugement? Du regard de l’autre, non je ne crois pas. Je me sens comme déconnecté des autres. Sensations à laquelle je me suis habitué. Le rire me reconnecte. Mais l'humour à son propre temps et ne peux durer. Evanescence.

Je n’ai pas de problème pour choquer, faire rire, dire ma vision des choses - et ce même si j’assume mon inculture ou ma bêtise - sur un panel de sujets variés d’ailleurs.
Mais dire mes sentiments.
À quoi pense t-elle?

Là ce n’est pas l'envie d'une vague attraction passagère, un coup d’un soir comme qui dirait, une envolée lyrique en baise octavée, un feu d’arti-fesse qui, soit dit en passant, je n'ai jamais connu auparavant.

- "Dans la vie, tu veux un truc, tu le prends !"
Oui, oui, oui. Je comprends ce que tu me dis là.
Ces citations toutes faites sorties de la pseudo-sagesse de l'expérience et du savoir ancestral qui font mal car touchent à des vérités personnelles. La vérité ma gueule c'est qu'on se cache tous derrière des convictions et certitudes qui nous permettent de ne pas perdre la boule. Et si ces citations matchent bien, riment en plus de cela c'est bingo ! Ça te reste en tête, à ressortir à la première de tes prochaines discussions pseudo philosophiques.

La famille, l'appartenance à un territoire, les communautés, la religion et les croyances, les traditions, nos ustensiles pour manger, se laver... Où je pars là... Le cannibalisme, le viol etc... Beaucoup de choses sont culturelles selon moi.
Si l'on interroge la nature, qu'à t-elle à nous dire? Chao ou ordre? Ordre ou chaos? Le chaos illusion de l'ordre et inversement.
Du coup cet adage du "Dans la vie, tu veux un truc, tu le prends!"... Oui enfin bon ok, mais de quelle manière tu t'y prends pour prendre quand tu à appris culturellement la tempérance et en plus de cela tu n'as pas de référentiel masculin solide ?

Les adages, citation et tout le tralalère j'aime pas ça !
Bon.... ah oui je me suis perdu en route.
Heureusement il y a ma lumière. Elle.
(Ouhlà je dois pas être autant expressif, on se connait depuis 39 minutes, soit le temps cumulé sur 1 semaine d'échanges par-ci, par-là)

Je me dis, quand même, d’un regard extérieur, je dois paraître benêt. Je m’en rends compte dans un éclair vivace et détourne le regard, me mets à faire un truc, n’importe quoi. Mise en route de la cafetière italienne sur la gazinière… J’allume le feu alors que le café s’est déjà condensé dans la partie haute du réceptacle. C’est un coup à foutre le feu à la baraque.

Là c’est différent. Je commence à me poser des questions. Mon cerveau turbine de nouveau. Je ressens mon deuxième cerveau faire des siennes. J’ai quelque chose que je n’ai pas eu depuis des années je crois… Que je m’en souvienne.
Comment dit-elle... Des « coucrougnous » dans le ventre !


Cela fait combien de temps que cela ne m’était pas arrivé cet état singulier aussi puissamment ressenti ?

Dingue ! Été 2007. Oui, sur du David Tavaré "Ohlàlàlà" à un bal de collège, j'avais ressenti un puissant élan dans mon estomac réfréné par mon mental.
On s'était embrassé mi-joue, mi-lèvres pour se dire au revoir.
Que voulez-vous, des coups de foudre en Moselle, à Tourcoing, new-York ou Ibiza restent des coups de foudre, c'est pareil pour la bande sonore, ça se commande pas les coups de foudre.... (Bon la bande son, si mais bon c'est la faute au DJ !)

C’est comme si mon corps était en marge de mon esprit.
Déconnecté. Elle m’a déconnectée. Ou je me suis déconnecté de moi-même.

- Cerveau : Allo !? La réception vient de couper, pourtant l'abonnement chez Soledad n'a pas changé?
- Estomac : Oui... Transmission difficile... Il semblerait que cœur se fasse la malle sans vouloir payer les frais de désabonnement de fin de contrat !
- Coeur : Lâche-moi Soledad, je vais chez Elle maintenant !


Face à elle je fais mine d’assurance modeste, de tempérance, de statisme physique et mental. Le bon ami - que je ne suis même pas et ne souhaite pas être en fait -, un peu discret, quoi ! L’instant d’après je brûle d’une envie de la connaître, qu’elle me parle de son histoire, de ses envies, de ses projets, de ses petites choses du quotidien qu’on ne relèverait aucunement avec quelqu’un d’autre, de la voir sourire, rire si ce n’est trop demandé.

Et puis son rire me... me... ça fais niais de dire ça mais je m'en fous... M'empli de joie. J'ai eu un fou rire avec elle. Ça faisait tellement longtemps que je n'en avais pas eu un, un vrai, qui vient de loin. Son rire légèrement cassé, plutôt grave avec des petites pointes aigus.

Je ne connais pas ses défauts, ses petits trucs, rituels et manières qui vont m'agacer peut-être un peu, beaucoup, passionnément, à la folie mais qu'importe. J'ai envie que tu me les fasses découvrir aussi.
Dopamine, sérotonine, endorphine, ocytocine !!!! The show must go beginning !!

Mais quel effet ! Hiroshima de dopamine, déflagration de sérotonine, d’endorphine qui sait peut-être un jour me projetais-je déjà... d’ocytocine.
Elle, je la désire m'étais dis-je !


Là c'est pareil. 
Ce n'est pas un désir purement charnel. C'est plus profond (Roh... les beaufs allez ouste je vous vois venir!), j'ai l'envie d'en apprendre plus sur elle. Qui est-elle? Que vit-elle? D'où lui vient son rire si... Craquant !

Elle semble me fuir, puis non.
Peut-être.
Je me fais des idées.
Sans doute est-elle à milles lieux d'imaginer l'écosystème qu'elle vient de réveiller en moi.

Ma conscience : Ouhlà je crois avoir détecté un micro-mouvement, un rictus là, un soupir. Elle en a marre de quelque chose... Bizarre ! Ahh c'est bon je suis grillé elle doit déjà se dire "le gros relou indécis qui sait pas ce qu'il veut !".

Mon subconscient : Ouais laisse tomber, puis c’est pas l’endroit, le moment. Vénus n’est pas aligné avec le 4ème cadran de jupiter.

Faut dire que j’ai du mal avec ça. "La séducffffion" aurais dis le collégien bouffie aux quenottes appareillées que je fus il y a vingt ans de cela. J’ai l’impression d’être acculé face à une table 60x60cm d'un attrape-touriste parisien où les mouvements de passes-passes du faux magicien donnent l'illusion que les gobelets font disparaitre la pièce de monnaie.

- Où se trouve la pièce?
- J'en sais rien.

Du coup je parie pas, j’ai pas beaucoup sur moi, de peur de perdre sans doute. Que les choses changent... Que je me révèle et perde le peu que j'avais...
Une pensée unique… Pas l’anneau de pouvoir, non, non pas d’amalgame. Elle. Elle.
Juste elle.

Je suis captivé par son regard, les traits de son sourire, ses chemises un peu trop amples qu’elle porte. Bleues, rouges, blanches comme son attitude élancée sur scène lorsqu’elle joue, son élégance. J’ai vu ses paumettes rougir légèrement une fois, la situation n'était pas à son avantage mais cette once de fragilité entraperçu un instant m'a touché. Elle semble être de ces femmes qui savent ce qu'elles veulent. Qui vont de l'avant et sont généralement bien entourées.
Je suis au masculin un peu de ces personnes là... C'est juste que pour l'instant je pourrais partir au Nebraska chasser la baleine avec des inouïts ou faire de la permaculture dans la Creuse que je dirais pas non... Peut-être pas oui tout de suite non plus... Mais oui quand même !

L’embrasser.
De l’embrasser.
De t’embrasser…

Je suis dans un combat avec moi-même. Il a commencé. Les tripes versus le construit mental. Si seulement je pouvais me détacher de cette feuille A4, surface plane qui dit sans faire, qui dévoile sans se révéler…. Barrière maillée de fibres de bois comprimées sur lesquelles j’ai essayé d’y apposer un fragment de mes pensées, de mes ressentis, de mes envies.

Lâche-ça veux-tu !
Lâche !
.

.
.
.
.
Juste pour te dire, droit dans les yeux que tu me plais.
C'est déjà beaucoup.
Crois-moi.
Tu me plais.

Parles moi de toi, mais avant, laisse-moi t'embrasser.
.
.
.
.
.
...

Camille Claudel, La Valse