Un rapport au temps...

Le cheminement vers la voix

2017

Début juillet 2017 je découvre pour la premiere fois ce qu’est le festival d’Avignon. Bien que des camarades et professeurs de l’université m’en ait parlé, je suis étonné de la fulgurence avec laquelle les affiches recouvrent les surfaces de la ville. En intra-muros, textes et images, couleurs et mouvements nouveaux viennent stimuler mon champs de vision. Des artistes défilent dans les rues, paradent, font vibrer les terrasses des bars de leurs annoncent de spectacle. Les touristes affluent. Quelques ruelles inspirent la quiétude. La majorité sont reliées aux arteres du festival. Je suis touché par toute cette vie bien qu’ayant du mal a m’y positionner en tant qu’individu. Que dois-je faire? Pour qui? Comment? Quoi et qui voir ou rencontrer? Stimulis.

2018

Un temps festivalier
Je commence le projet "Un rythme festivalier" qui consiste à capturer l'environnement urbain de la ville d'Avignon (84) durant le Festival de Théâtre de la ville d'Avignon.
La photographie en pause longue est utilisée comme médium de fixation de ces stimulis visuels evanescents. L’idée étant de mettre au regard du bâti, «stable et intemporel», la fulgurence des activités humaines. Organisés en réseaux, ces individualités qui occupent l’espace public vont et viennent d’une salle de spectacle à une autre, d’un bar ou d’un logement à une salle et inversement. Elles vont voir ou y font de l’art, interpellent ou se font interpellés dans les rues, clament, restent statiques, discutent, s’embrassent, s’enlacent et vivent des sensations diverses et variées en solitude, a deux, en groupe. Le timelapse capte ces instants tout en les rendant invisible par les effets du temps qui passe. Je souhaite ainsi porter ma réflexion sur l’esthétique des activités humaines, sur leur lisibilité, leur portée, leur importance et vacuité tout en même temps? Une réflexion sur le temps de vie, la poétique du geste, de l’intention différenciante ou mimétique, toutes deux noyées dans le flux incessant d’intentionalités plurielles dont regorge l’espace public du festival d’Avignon. Il s'agit plus particulièrement d'une série de timelapses - série de photographies d’une même scène compilée sur un banc de montage en post-production afin de réaliser un format audiovisuel. La capture à la volée des vibrations sonores de ce même environnement agit comme un révélateur des intentions et expériences vécues de ces passeurs festivaliers.
Comment vivent-ils le festival, ressentent-ils, racontent-ils à leur manière le festival, son tempo, ses expériences ?

2019

En 2019 je souhaite non plus seulement faire des timelapses qui seraient le vernis d’une apparente fulgurence du vécu avignonnais mais d’aller sonder les vécus, les expériences et peut-etre aussi un peu les ames et les coeurs de ceux qui vivent ce festival d’Avignon. Je réalise une série d’entretiens avec ceux que je croise dans la rue, des artistes de rues ou de compagnies, des salariés du festival Off, des touristes. Durant cette édition, alors que je réalise quelques timelapses d’autres rues et avenues du festival, je me pose cette question : «Que serait le festival, en juillet, sans personne?».

2020

2020 / (Dé)confiné
Un même lieu. Et pourtant.
Notre relation à l'espace et au temps est bouleversée.
Confidences de ses habitants et de ces passeurs de territoires qui ont cotoyés la ville d'Avignon en temps de confinement.

En mars 2020, alors que je réalise une série photographique sur les forains installés sur le parking de l’Oulle a avignon, le confinement est annoncé par le président de la république. Quelques clichés des vestiges des déchets laissés d’une festivité, d’un temps qui s’est trop vite écourté. Vient midi. Je réfléchi sur moi-même, sur l’avenir, je regarde les informations, ressasse, me questionne, me sens inutile. J’ai l’idée d’écrire dans un carnet de bord ce que je vie... Jours après jours. Très vite j’ai pris le réflexe a chaque sortie faites, de prendre mon appareil photographique pour filmer l’espace et le temps de la ville en temps de confinement. L’idée de prendre en photographies ce rapport a l’espace public qu’on de manière ritualisé les habitants a leurs balcons pour applaudir les soignants au 20h. Je ressens au fond de moi que ce sujet est fort, qu’il est porteur de sens, de réflexion, de poésie. Que c’est un épisode historique unique. Je prends la décision de m’y consacrer plus intensément.

J’arrete mon activité d’auto-entrepreneur en photographie, fait des petits jobs en intérim pour me laisser le temps nécessaire a la réalisation de ce projet. J’ai l’envie d’exposer. Oui, mais les images sont un vernis de ce qu’est la réalité. Ce sont des images poétiques, documentaires mais quoi de plus. Qu’est-ce que la réalité? L’image a elle seule se suffit elle a faire poeme? Je décide a partir de fin juin 2020 de prendre contact avec ceux qui étaient a leurs balcons, d’aller reccueillir leur vécu, leur vision, leur inquiétudes et leurs espoirs de ce monde du pendant, de l’avant et de ce monde d’apres comme ils disent.

2021

En février 2021 je réalise le dernier entretien et cloture ma série de photographies sur cette période de pandémie, de confinements et déconfinements physiques et mentaux. Cette décision je la prend car je ressens intérieurement que le monde, les médias, les individus sont passés a d’autres priorités et préoccupations. Je débute la phase de post-production en Février 2021. Marqué par un projet chronophage, relativement isolé socialement, un événement marquant me fais revoir mon avenir differemment. Liberté ou mouroir? Je n’en sais rien, je finirais ce projet. Mais quand sera t-il fini et qu’est ce que la fin? Liberté de pensé ou enfermement réflexif?

2022

En février 2022 je cesse completement la phase de reccueil de témoignages sonores aupres des habitants d’Avignon. Je continue d’écrire dans mon carnet de bord, en dillettante. Je sais que l’annonce de l’entrée en Guerre de la Russie envers l’Ukraine marque un tournant dans les esprits et pour mon projet personnel. En parallèle ma vie personnelle est bouleversée. Le projet est en stand by... six mois durant. J'étouffe. Je n'ai pas d'appartement. Pas de van. besoin de respirer... D'oublier... Enfin...

2023

Je reprends le travail du projet "Dé"confiné et "Un temps festivalier" en décembre jusqu'en mai 2023. Durant cette période je change plusieurs fois de lieu de vie : Moulins, Montpellier, Chartres quand je ne suis pas à dormir dans ma voiture.
Trouver du temps et l'espace pour terminer ce projet...
Que sera l'avenir... ?
Toujours ce questionnement.